10 Octobre 2015
La faute de l'abbé Arte
La Faute de l'abbé Mouret est un roman d'Émile Zola paru en 1875
© Zadig Productions
Caricatures devant l'autel
En septembre 2014, je publiais ici-même la note dans laquelle je disais tout le mal (le mâle: le séminaire n'étant pas mixte!) que je pensais de cette série. Arte la qualifie à l'antenne (on n'est jamais si bien servi que par soi-même) de "série culte" - outrecuidance insupportable! Moi, je la qualifierai plutôt de série cul... Car, de fait, de fesses il est régulièrement question dans chacun des épisodes, soit par l'incursion des apprentis-prêtres dans les foyers hétéros de leurs proches soit par les coucheries réitérées (la récidive est fréquente et mal assumée chez l'un des protagonistes) d'un jeune homo fraîchement moulu du séminaire - pas gai du tout d'être en contradiction avec son sacerdoce et de découcher du presbytère pour s'accoupler avec un ancien collègue et ami de chœur... et de corps. Évidemment, notre scénariste en mal d'idées (mais pas de mâles ni de maux) s'est plu à intégrer dans son histoire "l'incontourable" prêtre aux mœurs dissolues, le pire des pécheurs voué à la lapidation médiatique puisqu'amateur de jeunes garçons - naturellement (?) ventru et adipeux (le cliché de service) et de surcroît animateur-entraîneur d'un club de judo pour enfants.
© Zadig Productions
Le "bon curé", tant aimé Julien Bouanich), pétri de pureté et dont on pourrait croire qu'il est désormais asexué tant la "chose" ne paraît pas le titiller, va prendre son curé référent et le conduire à la gendarmerie locale; comme de bien entendu, le curé pervers va s'y laisser présenter, tout penaud, comme un agneau qu'on conduit à l'abattoire . Suprême trouvaille du scénariste: la gendarmette du poste, épouse et mère en détresse, s'était peu avant confessée au bon père, lequel, désormais, devra lui confesser ses infâmies. Jugez du peu et de l'originalité de l'idée!
"depuis 25 ans" (sic), jurait les grands dieux à ses servants de messe et que ses jeux coquins avec eux n'étaient qu'amour "voulu par Dieu" (la fameuse réplique entendue régulièrement dans les prétoires)... Comme de bien entendu, son tout nouvel acolyte, issu des "Capucins", jeune prêtre candide et au visage angélique (
Captures d'écran Arte
Les poncifs souverains
Clément Manuel) Cet élément fictionnel, qui sent mauvais le racolage et le souci de satisfaire un voyeurisme consensuel, s'amalgame avec des complots de palais (papal) et autres turpitudes d'une curie vaticane qui fait entrer en communion religion et gros sous. David Elkaïm et Vincent Poymiro)
Capture d'écran Arte
Eucharistie sacrilège de tous les clichés du genre revus et non corrigés. Icônes défraîchies pastellisées aux couleurs "tendance". Exemples d'école d'une saga écrite par des scénaristes nonsotte mais le traitement général en est une horreur!
en mal de copie, assurément nullement inspirés par le Saint-Esprit - avec lequel, probablement, ne sont-ils point en odeur de sainteté. L'idée de départ de la fiction n'était cependant pas
Heureusement, à quelque chose malheur est bon, la mise en scène et la direction d'acteurs sont impeccables et les interprétations excellentes, ce qui procure un certain plaisir - des sens sinon de l'esprit. Tous les jeunes comédiens tirent remarquablement leur épingle du jeu. Quant aux "anciens", ils sont d'une justesse rare, parfaitement bien campés dans leurs personnages aux facettes contrastées; Jacques Bonnaffé incarne avec un charisme époustouflant un Monseigneur aussi incorruptible que têtu. Les décors sont à la hauteur des costumes cléricaux d'apparat et la bande musicale fort à propos et joliment bien composée. L'ensemble est assez vivant et esthétique à souhait malgré les trop nombreuses longueurs (cela crève l'écran: il faut faire cinquante minutes!).
Pour ces bons points, j'octroie ma miséricorde à la production et lui accorde une demi-absolution.